Grand Corps Malade !

L'ONCLE SLAM

Grand Corps Malade aurait pu être un de ses titres, mais c’est son nom de scène. Surprenant au premier abord, le nom de scène qui sonne sioux et totem, façon « Danse avec les loups », s’explique en un coup d’œil. Fabien, c’est un grand corps à trois jambes : les siennes, martyrisées lors d’un accident, et la béquille qui le soutient et rythme sa claudication. Grand Corps Malade, c’est un surnom où se mêlent gravité et humour, comme dans les compositions de ce jeune artiste.

Fabien, avant de devenir un grand corps malade, est un petit garçon plein de vitalité. Il voit le jour le 31 juillet 1977, à la Seine-Saint-Denis. Sioux dès l’enfance, sa mère le surnomme « Petit Chaton Bleu » à cause de ses grands yeux azur. Le chaton grandit bien – tellement bien qu’il se retrouve devant les paniers de basket - et ne craint pas l’eau. Mais la piscine, quelques jours seulement avant ses 20 ans, va bouleverser sa vie. Un plongeon mal réceptionné va briser son corps athlétique et ses rêves de sport. Le corps malade de plusieurs fractures est évacué par hélicoptère. A l’hôpital, la sentence est terrible : Fabien ne devrait plus jamais remarcher. Avec sa volonté de sportif, Fabien combat sa tétraplégie. Même s’il garde aujourd’hui des séquelles de son accident, l’homme à trois jambes remarche. Pendant sa rééducation, les mots qui lui ont toujours servi à écrire des histoires lui servent de thérapie. Après s’être baptisé, en 2003, Grand Corps Malade, il va partager ses textes dans les petits bars parisiens. L’ancien basketteur devient alors slammeur. Avec sa voix grave et ses textes loin des clichés, Grand Corps Malade se fait une réputation qui lui permet de passer du zinc aux premières parties – d’Elie Semoun ou d’Edouard Baer, par exemple. En 2006, son slam dépasse les normes en sortant en CD, en dépassant parfois les trois minutes ou en ne se contentant pas de l’ a cappella. « Midi 20 » - titre qui ne fait pas référence à l’heure de son accident, contrairement à ce que certaines rumeurs pouvaient prétendre – fait découvrir au grand public sa voix grave et sa poésie d'un nouveau genre. Les textes de Grand Corps Malade ne sont pas chantés, mais lus. Le chant est dans sa voix basse, les cordes et les choeurs qui l’accompagnent et ses métaphores. La vie, la ville, l’amour, tout inspire la rime à ce slammeur élégant qui pendant « Les voyages en train » va se « dégourdir le cœur ». Ce Grand Corps Malade livre des notes optimistes et des mots qui sortent de l’habitude : quand il se fout de quelque chose, il ne s’en bat pas les couilles, mais les reins.

SOURCES :

Interview Grand Corps Malade