
Les Sectes Tueuses !
SECTE-TAIRE
Le mot secte a d'abord désigné soit un ensemble d'hommes et de femmes partageant une même doctrine philosophique, religieuse, etc. soit un groupe plus ou moins important de fidèles qui se sont détachés de l'enseignement officiel d'une Église et qui ont créé leur propre doctrine.
Il est devenu un terme polémique, qui désigne un groupe ou une organisation le plus souvent à connotation religieuse dont les croyances ou le comportement sont jugés obscurs ou malveillants par le reste de la société. Généralement les responsables de ces groupes sont accusés d'une part de brimer les libertés individuelles au sein du groupe ou de manipuler mentalement leurs disciples afin de s'approprier leurs biens, de les maintenir sous contrôle, etc. et d'autre part d'être une menace pour l'ordre social.
Ce terme, ayant pris une connotation négative, est récusé par la plupart des groupes visés, ainsi que par certains juristes et sociologues. Pour dénoncer des activités éventuellement néfastes de certains groupes, l'expression dérive sectaire est devenue récemment la formule officielle de certaines structures gouvernementales comme la Miviludes.
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D'un point de vue étymologique, le mot secte vient du latin secta, défini comme une voie qu'on suit, une doctrine philosophique, une secte (religieuse). Ce terme est dérivé du verbe sequi, qui signifie « suivre ». Toutefois, certains étymologistes le font dériver du latin "secare", qui signifie « couper » : il désignait soit une sous-branche d'une religion reconnue et bien établie, soit un groupe de personnes qui se regroupent autour d'un maître de pensée.
Le mot secte en grec, équivalent de la secta latine est hairesis. Une hérésie est une école de pensée. Le jardin d'Épicure était une hairesis.[réf. nécessaire]
Certaines grandes religions actuelles furent, à l'origine, des sectes de religions plus anciennes et déjà bien implantées. Ainsi, le christianisme s'est d'abord développé comme une secte au sein du judaïsme, dont il a repris une partie des enseignements. Néanmoins, ces religions ont acquis au fil du temps un grand nombre d'adeptes et une reconnaissance officielle importante.
L'Antiquité ne donne pas de valeur négative aux termes de secte ou hérésie, mais fait par contre une distinction entre religion licite, ou pas. C'est en tant que religion illicite que les premiers chrétiens, lors des persécutions du IIe siècle, se verront qualifier par Pline le Jeune de « superstition déraisonnable et sans mesure » et que Celse leur reproche des dérives telles que de viser à « miner l'ordre social et former un État dans l'État » ou de nuire « à la santé publique en détournant les adeptes des médecins attitrés au profit des promesses illusoires de guérison ».
C'est dans le sens de sous-branche de religion que l'on peut parler de secte pour les groupements issus du bouddhisme, de l'hindouisme, du shintoïsme ou du taoïsme. Mais autant ces religions ont toujours été plus ou moins ouvertes à la dissidence, autant le christianisme, se voulant par nature universel, l'a longtemps combattue : dans les pays catholiques, toute dissidence, qualifiée d'hérésie, a donc toujours eu une connotation péjorative.
Par la suite, par volonté d'établir un monopole religieux, l'association de ces doctrines au pouvoir politique (après Constantin Ier) va faire apparaître la notion d'orthodoxie. Selon certains auteurs, la religion ne serait que la secte du roi.
C'est ainsi que le protestantisme a longtemps été considéré comme une hérésie par l'Église catholique et a entraîné une grande répression de ses membres à la Renaissance, qui débouchera sur de longues guerres en Europe (guerres civiles en France et Allemagne, guerre entre pays de religions différentes) et des massacres, notamment lors de la nuit qui suivit la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572 ou lors de la prise de Magdebourg. Quelques siècles plus tôt, les persécutions de l'Inquisition Église catholique avaient été encore plus fortes contre ce qui était appelé l'hérésie cathare.
Dans son Dictionnaire philosophique, Voltaire classe comme sectaire toute croyance non acceptée universellement ou non prouvée de façon évidente.
Dans d'autres cultures que la française, les connotations du mot 'secte' sont beaucoup moins négatives; le mot 'sect' en anglais, par exemple, est plutôt neutre, néanmoins le mot 'cult' se rapporte à notre définition du mot secte. L'emploi indépendant de deux mots différents permet de lever une partie de l'ambiguïté du terme français. sect tend à correspondre à la définition étymologique (comme pour les sectes protestantes qui n'a alors guère de portée négative), alors que cult tend à correspondre à la définition sociologique du terme français secte (comme pour cargo cult ou cultes du cargo qui décrivent péjorativement un groupe aux croyances farfelues et parfois dangereuses).
En dehors de la France et la Belgique, le désir de catégoriser ce qu'est une 'secte' est moins fort.
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Au XIXe siècle, les sociologues Max Weber et Ernst Troeltsch définissent la secte comme un groupement religieux extrémiste, intransigeant et en rupture avec la société. Dans cette typologie, le type Secte n'a de sens que par opposition au type Église, alternative sociale de la religion qui prend sa place au milieu des institutions profanes.
Françoise Champion la résume ainsi :
« Selon [Weber et Troeltsch], on naît dans l'Église, qui est coextensive à la société, mais on entre dans la secte par conversion. Selon eux, également, l'Église accepte un compromis avec le monde, alors que la Secte la récuse. Enfin, dans l'Église, il y a deux catégories de personnes : clercs ou religieux d'un côté, laïcs de l'autre. Aux premiers, une morale exigeante ; aux seconds, une morale plus accessible. Cette distinction clercs-laïcs ne se retrouve pas dans la Secte : tous les membres y sont, en principe, égaux et tous sont soumis à la même morale exigeante. »
Avec le temps la secte se « routinise », commence à faire des concessions ou des compromis, et se rapproche finalement du type Église.
Selon Nathalie Luca
« L'exemple magistral en est la naissance du protestantisme. À la Réforme, un besoin de radicalité s'exprime, pour revenir au plus proche d'un christianisme authentique moins imprégné de la vie sociale. C'est une démarche volontaire et pleinement religieuse de chrétiens engagés. La secte - le mot n'a pas de connotation péjorative - est une force de rupture par rapport à l'Église dont elle est issue et qu'elle accuse de se compromettre avec le monde. La réforme a donné naissance à quantité de groupes radicaux, de « sectes ». Mais, à chaque époque, on retrouve ce besoin de radicalité - baptistes, Témoins de Jéhovah, pentecôtistes, charismatiques protestants et catholiques, etc. Et comme la radicalité est difficilement viable à long terme, peu à peu la secte se « routinise », perd de sa ferveur initiale, et devient une Église vouée à d'autres réactions sectaires et schismes ! »
La rupture entre la secte au sens péjoratif et la société est un point fondamental. Cette rupture est pratiquement toujours considérée comme un dommage, qui selon les points de vue sera imputée aux membres de la secte ou au contraire à la société. Qui dit dommage dit rétribution, avec là encore des interprétations variables : prévention et juste punition pour les uns, persécution pour les autres. L'affaire peut dégénérer en conflit ouvert et guerre civile, comme cité plus haut pour le protestantisme.
Certains considèrent que cette définition, qui perdura jusqu'à la fin du XXe siècle, est aujourd'hui inadaptée au changement sémantique du mot secte. Les polémiques sur le sujet ne facilitent pas l'accord sur le sens du mot et donc sa définition. Dans ces conditions, la définition sociologique est encore considérée par certains intellectuels comme la meilleure.
Des sociologues de religion comme Sabrina Pastorelli ou Danièle Hervieu-Léger ont travaillé sur ce thème. Dans son livre Approche de la sociologie religieuse, cette dernière, après une brève présentation de l’incapacité de la justice à offrir une définition convenable et un historique des politiques gouvernementales de lutte contre les « menaces » sectaires, résume la vision symbolique française du phénomène sectaire : celui-ci serait en fait identifié à une maladie qui attaquerait le corps social. Le rôle de l’État serait de détruire cette maladie et de venir en aide aux victimes. Hervieu-Léger note au passage le rôle des associations antisectes dans l’élaboration de cette vision, en particulier avec le « délit de manipulation mentale ».
Elle présente sous la forme d’un marché de biens symboliques un portrait de la religion (qu'elle définit comme une inscription dans une lignée croyante) et de la spiritualité (bricolage symbolique, au sens de Roger Bastide de manière individuelle).
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Dans la seconde moitié du XXe siècle apparaissent de nouveaux mouvements qui ne correspondent plus à la définition classique de Weber et Troeltsch. Suivant les causes possibles de leur émergence, on cite la baisse de fréquentation des religions traditionnelles et l'effondrement des idéologies comme le communisme qui amènent à une perte de valeurs et de repères. Par ailleurs, certains sociologues et théologiens estiment que le phénomène de mondialisation a permis l'apparition d'un véritable « supermarché du religieux » où le choix des croyances est plus vaste.
Dans les années 1980, suite à des scandales qui ont alarmé l'opinion publique, tels que suicides collectifs, affaires politico-financières, infractions au code du travail[réf. nécessaire] ou exercice illégal de la médecine, le terme secte a pris une forte connotation péjorative, devenant synonyme de groupe totalitaire et dangereux, ou en tout cas, de système aliénant et forçant ses adeptes à se placer en position de rupture avec la société et ses normes. LIRE LA SUITE SUR : Wikipédia
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