Loic Le Ribault :
Criminalité
Loïc Le Ribault : lettre de sortie de prison à tous mes amis
Merci à vous tous, amis connus et inconnus, qui m'avez écrit lorsque j'étais en prison, à l'Association des Amis de Loïc Le Ribault, aux revues et aux journaux qui m'ont supporté dans cette épreuve. Vous avez été des milliers, et je n'ai pu encore vous répondre à tous. Mais il faut que vous sachiez que votre mobilisation m'a probablement sauvé la vie. Car il semble bien que, cette fois, tout avait été minutieusement organisé pour m'abattre une bonne fois pour toutes. Jugez-en vous-mêmes.
En mars 2004, j'allais commencer ma neuvième année d'exil. Huit ans passés avec la certitude absolue que dans plusieurs ministères les cloportes ne m'avaient pas oublié ; huit ans d'épuisante tension nerveuse avec, planant au-dessus de la tête, une épée de Damoclès qui ne pouvait pas ne pas s'abattre un jour. Mais quand ? Et comment ? D'autant que le livre de Pierre Lance (1) et le documentaire filmé de Jean-Yves Bilien (2) relatant mon aventure étaient bien agaçants pour les autorités françaises.
C'est l'urgence qui contraignit les cloportes à attaquer : la fameuse affaire Chanal, dite des "disparus de Mourmelon". On sait qu'en 1988 j'avais apporté la preuve matérielle et indiscutable que la pelle de Chanal avait servi à creuser le trou dans lequel avait été découvert en 1987 le corps du jeune Trevor O'Keeffe. Chanal, étrangement protégé, n'en avait été nullement inquiété. Puis en 1998, j'avais apporté la preuve non moins irréfutable que, dans cette affaire les laboratoires de police avaient concocté de faux rapports d'expertise dans le but de me discréditer.
Or, le procès Chanal doit enfin s'ouvrir en octobre 2003, et je reçois de la Cour d'Appel de Reims une citation à comparaître le 16 octobre en qualité d'expert. J'en suis ravi : c'est l'occasion rêvée pour moi de démontrer publiquement la compromission du Ministère de l'Intérieur dans cette affaire. Certain d'être instantanément arrêté si je mets les pieds en France, je propose de témoigner par vidéoconférence et la présidente du tribunal en accepte le principe.
Pour les cloportes, c'est la tuile. Il faut, à tout prix, me faire taire ou du moins salir mon image par tous les moyens..
Savants Maudits Loic Le Ribault
D'abord, le 23 août, ils me font l'honneur de lancer contre moi un mandat d'arrêt international. Une certaine presse va aussi les aider ; l'Irish Times du 23 août (Tiens ? La même date que celle du mandat d'arrêt?), L'Express du 11 septembre et un tabloïd irlandais qui, dès le 29 août, publie mon adresse personnelle, suite à quoi, dès le lendemain de la parution de l'article, je commence à recevoir par téléphone des menaces de mort.
Le 1er octobre 2003, la date de mon procès est enfin fixée, après sept ans (!) d'instruction : ce sera le 5 février 2004 à Bordeaux.
Le 2 octobre 2003, la Cour Européenne des Droits de l'Homme me fait savoir qu'elle déclare ma requête contre l'Etat français irrecevable, que cette décision est définitive, qu'on ne me répondra à aucun courrier et que mon dossier sera détruit.
Dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 octobre 2003, Chanal se suicide, paraît-il, alors qu'il se trouve sous la surveillance supposée continue de trois policiers, et subit un contrôle médical toutes les quinze minutes. Chanal ne parlera donc pas... et moi non plus.
Maintenant, il est temps pour les cloportes de s'occuper sérieusement de moi.
Depuis le début octobre, je suis en Suisse où je prépare l'installation d'un laboratoire de recherches. Je ne me cache nullement, puisque je vis sous mon vrai nom dans différents hôtels, avec le passeport qui m'a d'ailleurs été délivré par l'ambassade de France de Dublin en 2001.
Savants Maudits Loic Le Ribault
C'est donc suite à une dénonciation que, le 21 novembre à 8 heures 25, quatre policiers suisses font irruption dans ma chambre d'hôtel ; ils agissent conformément au mandat d'arrêt international lancé contre moi, mais en ignorent la teneur. Pour justifier une telle mesure, je ne peux à leurs yeux être qu'un individu très dangereux. Aussitôt, je refuse mon extradition, immédiatement demandée par l'ambassade de France en Suisse. J'informe les policiers des charges qui pèsent sur moi, et ils sont abasourdis : comment l'exercice illégal de la médecine et de la pharmacie peut-il justifier le lancement d'un mandat d'arrêt international, en principe réservé à des cas extrêmement graves ? Qu'est-ce que cela cache ? Presque aussi méfiants que moi, ils demandent en France une copie du mandat. Elle leur parvient par fax, accompagnée d'un document confidentiel. Celui-ci porte en en-tête la mention suivante : "Les informations contenues dans cette fiche ont simple valeur de renseignements susceptibles d'orienter l'enquête. II ne pourra en être fait état que sous réserve de vérification."
A la rubrique "antécédents", il est spécifié "néant", au paragraphe "étude" que je suis sans profession, et que ma dernière adresse connue est celle... de la prison de Gradignan, en 1997.
Le portrait ainsi esquissé n'est guère à mon avantage, et va se noircir encore dans le paragraphe suivant, précédé de la mention : "Cette personne a été citée dans la ou les procédures suivantes, mais en aucun cas il ne peut être déduit de ce document qu'elle a été définitivement reconnue comme responsable des faits." Là, il est signalé que je me suis rendu coupable de quatre abus de confiance, dont la "suite judiciaire" est carrément "inconnue", et le "mis en cause" laissé "libre". Mais l'affaire la plus ahurissante concerne une "émission de chèque sur un compte soldé" dont je me serais rendu coupable à Arcachon le 7 janvier 1997. Or, à cette date-là, j'étais enfermé dans la prison de Gradignan depuis trois semaines et n'en serai libéré que six semaines plus tard. Pas de doute : je suis plus rusé qu'Arsène Lupin... Lire la suite ici
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